Dossiers du mois

Les différents types de thé

La préparation du thé

La cérémonie du thé - CHANOYU

En haut, la porte d'un temple - En bas, un torii
Merci Margot :)
Mina-san, konnichiwa
Bonjour tout le monde

Voici donc mon dossier du mois et il n'est pas si léger que j'aurais pu le supposer.

Au Japon, le riz, c'est comme le pain en France : on en mange à tous les repas.
D'ailleurs riz cuit se dit gohan et c'est à partir de ce mot que se construisent les 3 repas de la journée :
- petit-déjeuner : asagohan (asa = matin)
- déjeuner : hirugohan (hiru = midi)
- dîner : bangohan (ban = soir)
Quand je vous dis que la langue japonaise est hyper logique ;)

Le riz est une céréales de la famille des graminées. Bizarre, mon chéri n'éternue pas quand il en mange :)
Le grain de riz, fruit de la plante, est appelé caryopse. Durant toute sa croissance, il est protégé par deux glumelles (peaux de protection). Ensemble, ils forment le paddy. Pas le whisky !!!

Après la botanique, un peu d'histoire Mais siii :)
Cultivé depuis plus de 2000 ans, le riz était considéré, durant la période d'Edo, comme une monnaie. A cette époque, la richesse d'un homme se calculait au poids de riz mangé dans l'année.
Pour rappel, il n'est pas exceptionnel de considérer des denrées alimentaires comme monnaie. Au Moyen Age, chez nous, chacun devait payer la Gabelle, en sel.
Héritage de la période du troc ???

Malgré sa petite superficie, comparée à beaucoup d'autres pays dans le monde, le Japon (avec ses 12,6% du territoire cultivés et ses 7,4% d'agriculteurs) est le 9ème producteur mondial de riz. Certainement parce que le climat s'y prête bien mais, aussi, parce que ce pays fait du protectionnisme.
Il y a encore peu, l'importation de riz étranger était interdite. Si elle est aujourd'hui autorisée, elle reste soumise à des quotas très strictes.
Par ailleurs, le gouvernement japonais verse des subventions aux cultivateurs de riz, pour maintenir l'activité.
Le riz est un héritage du Japon traditionnel.
Une preuve de son importance : chaque année, l'Empereur en bénit la culture.

Planté en juin, récolté à l'automne, la variété traditionnelle de riz cultivée est le Japonica.
Rond, il a un peu l'apparence du riz Arborio dont on se sert pour faire le risotto.
Dans cette variété, existent plusieurs catégories :
- le Shinode que l'on trouve partout
- le Nishiki (grain moyen) et le Koshihikari (grain court) qui sont plus haut de gamme.
Produire 1 kg de riz nécessite 4000 litres d'eau.
Quand je dis que le climat japonais se prête bien à sa culture, c'est vrai.
Température, hygrométrie et luminosité sont des éléments essentiels à son bon développement.
Le Koshihikari produit dans la région de Niigata est le plus réputé (et aussi le plus cher).
En terme de technique, la culture, dans les rizières, est très peu automatisée. Encore aujourd'hui, quasiment tout se fait à la main.

Dans les années 90, le village d'Inakadate, dans la préfecture d'Aomori, s'est mis à faire de l'Art Tambo. Au moins de juin, tous les villageois se donnent rendez-vous dans les champs pour repiquer trois espèces de riz différentes, selon un schéma bien précis. Lorsque le riz pousse, des dessins apparaissent dans les champs.
Le mouvement s'est étendu dans les années 2000 et aujourd'hui, on peut en voir partout.
Allez voir, sur Internet. Certains sont magnifiques.

Passons à table.
Trois types de riz sont consommés :
- le Hakumai : riz blanc
- le Genmai : riz complet, non poli. Il a moins bonne réputation alors qu'il est pourtant plus nutritif. C'est sous cette forme qu'il était consommé autrefois.
- le Mochi : riz gluant qui sert à la préparation des desserts du même nom mais aussi du sekihan (recette traditionnelle de riz gluant, cuit avec des haricots rouges) et des gâteaux de riz.

La préparation :
- le rinçage est une opération obligatoire pour libérer le riz de son amidon. En japonais, il s'appelle kome wo togu. Ca ne veut pas dire rincer mais plutôt polir le riz. Parce qu'en le rinçant, on le frotte entre ses mains, pour le polir. Dans l'ordre, on met un peu d'eau dans le récipient qui contient le riz, on frotte, on égoutte et on recommence jusqu'à ce que l'eau devienne transparente. Attention, cette étape ne doit pas excéder 3 minutes
- le repos : au moins 30 minutes. Deux heures si c'est pour faire du riz à sushi (sumeshi).
- si vous avez un cuiseur à riz, vous mettez le riz dedans, avec de l'eau et il n'y a plus qu'à attendre.
- sinon, vous mettez le riz dans une casserole et vous continuez à suivre la recette.
- ajouter de l'eau dans la casserole (une tasse d'eau pour une tasse de riz)
- laisser gonfler 30 minutes
- couvrir et chauffer à feu moyen-vif, jusqu'à ce que l'eau bouille
- baisser le feu et laisser cuire, 15 minutes
- retirer du feu
- poser un torchon (à la place du couvercle) sur la casserole et laisser reposer 10 minutes, que les arômes se diffusent
- mélanger délicatement avec une spatule, en prenant le riz du dessous pour le ramener par-dessous. Ca permet de répartir les saveurs.
- manger C'est la partie que tout le monde maîtrise :)

Et surtout, surtout, on ne rajoute pas de sel.
Encore moins du ketchup !!!
Il se mange nature, ce riz.
Sinon... SACRILEEEGE. Le Dieu du riz ouvre la croûte terrestre, sous votre chaise, et vous êtes englouti dans les profondeurs de la Terre.
Ou pas :p

Tu mets le riz dans un saladier et tu rajoutes de l'eau
Tu frottes, tu frottes... tu frottes
Ca, c'est l'eau, une fois que tu as frotté. Il faut recommencer, tant qu'elle n'est pas transparente... et il ne faut pas la boire

Après avoir égoutté et laissé reposer, tu mets le riz dans le cuiseur

Tu rajoutes de l'eau

Tu manges. MIAAAM...

Une dernière petite chose : il faut savoir que toute la partie de la plante est utilisée.
Les tatami, des habits, des maisons mais aussi des produits de beauté et de la teinture pour tissus sont faits à base de riz.

Et voilà, j'espère que vous aurez appris des choses.
Moi, en tout cas, j'en ai apprises.
Et le riz, ce midi, était cuit à la perfection.
Côté saveur, je pense qu'on peut mieux faire.
On verra pour trouver du riz Koshihikari.

Dossier du mois prochain : quelles sont les règles à respecter pour visiter un temple ?

Ja mata ne
A bientôt








Merci Margot, pour ce dessin




















































































































































Août 2016 : LE SUMO

Et oui, le voici, le dossier du mois.
Comme promis, il est consacré au SUMO ;)

Photo prise au Festival de Photos de La Gacilly

Bon, je suppose que, comme moi, tout le monde sait que le sumo est un sport de lutte japonais où 2 gros bonhommes quasiment à poil se battent l'un contre l'autre.
Jusque-là, mes connaissances n'allaient pas plus loin. C'est différent aujourd'hui.

Partons à la recherche des origines du sumo.

D'après l'écrit le plus ancien du Japon (le Kojiki, "Chronique des faits anciens", datant de l'an 712), le premier combat de sumo aurait eu lieu entre 2 Dieux : Takeminakata et Takemikazuchi.
A l'époque, Takemikazuchi remporte le combat. En récompense, il reçoit la possession des îles japonaises et fonde la longue lignée de la famille impériale dont est originaire l'actuel Empereur Akihito.

Le Nihon-Shoki (livre datant de 720), relate l'histoire d'un combat considéré comme l'origine du sumo et du jujitsu. Il a lieu pendant le règne de l'Empereur Suinin, 11ème Empereur du Japon qui règne entre -70 et -29. Ca fait un bout de temps :)
Ce combat opposait Nomi-No-Sukune à Taima-No-Kuehaya. En vainquant son adversaire, Nomi-No-Sukune devient le Kami (St-Patron) des lutteurs de sumo. Il est vénéré au sanctuaire shinto de Ryogoku, à Tokyo.

Les combats suivants sont surtout dédiés aux Dieux. Ils sont organisés, en leur honneur, dans le but d'obtenir de bonnes récoltes.

Au 8ème siècle, durant la période de Nara, les combats de sumo sont introduits au sein des cérémonies de la Cour Impériale. A cette époque, on peut dire que presque tous les coups sont permis et on est encore loin de la pratique actuelle du sport qu'on peut voir aujourd'hui.

Le Japon connaît ensuite une longue période d'instabilité et l'armée récupère le sumo pour galvaniser ses troupes et pour augmenter l'efficacité au combat de ses samouraïs.

La paix arrive avec l'instauration du shogunat de Tokugawa, peu après 1600 et la pratique du sumo devient plus un divertissement qu'un art de la guerre.

Le sumo devient sport national au 18ème siècle mais ne connaît la professionnalisation qu'au début du 20ème.
Depuis 1925, la NSK (Nihon sumo Kyôkai, Association Japonaise de Sumo) organise des compétitions professionnelles.

Aujourd'hui, les écuries (heya) ont du mal à recruter. Le sumo n'intéresse plus les jeunes qui se détournent de ce sport aux contraintes multiples. En 2007, par exemple, aucun recrutement n'a eu lieu.
Il faut alors faire appel aux étrangers pour renouveler les lutteurs.
Attention cependant, les japonais sont farouchement opposés à ce que leur sport devienne international. En 2002, il est décidé qu'une heya ne peut avoir qu'un seul lutteur étranger.
Des petits malins ayant essayé de gruger en se faisant naturaliser, en 2010, une nouvelle règle voit le jour : les heya ne peuvent plus recruter qu'un seul lutteur à l'étranger.
Alors, c'est qui les plus malins ? :))

Après l'histoire, le lutteur

Dessin de Margot
Tout d'abord, une petite mise au point vocabulistique. Quoi, ça ne se dit pas, vocabulistique ??? Tant pis, je le dis quand même :p
Donc, on ne dit pas sumotori (sauf, peut-être, en France) mais rikishi. Et encore, ce mot est plutôt utilisé pour un pratiquant de sumo débutant car les autres sont appelés par leur grade, suivi de leur "nom de scène".
Ah, ça vous en bouche un coin, hein ? Et un mot de plus à caser au scrabble... ou au milieu d'une conversation, même si c'est plus compliqué ;)

Parlons ensuite de la tenue.
Je vous entends déjà. Quelle tenue ?
Et bien ce n'est pas parce qu'il est (très) peu couvert que le rikishi n'est pas vêtu. Son mawashi mesure entre 9 et 14 mètres. Qui d'autre peut se venter d'avoir 14 mètres de tissus enroulés autour de lui ? Qui ? Pas moi.
Le mawashi, c'est une longue bande de coton épais, large de 50 cm et long de 5,5 fois le tour de taille du lutteur, serrée autour de la taille et de l'entre-jambe, selon une technique bien précise.
Et mieux vaut ne pas se tromper dans la façon de le lacer. Ben oui, faudrait pas que ça se déroule pendant le combat ! :))

Pour la coiffure, c'est tout aussi technique.
Un rikishi ne se coupe pas les cheveux durant tout le temps que dure sa carrière.
Il se fait coiffer par un tokoyama, qui lui enduit les cheveux d'huile et les monte en un chignon appelé chonmage. Cette coiffure traditionnelle était surtout arborée par les hommes, durant la période d'Edo, et par les samouraïs. Aujourd'hui, seuls les rikishi le portent encore.
A partir du grade de juryo, la coiffure devient un oicho-mage, un chignon en forme de feuille de ginko.
A la fin de la carrière du rikishi, se déroule le danpatsu-shiki, une cérémonie d'adieu. Elle a lieu dans une salle, où le public est plus ou moins nombreux, selon le grade (et donc la popularité) du rikishi. Durant le danpatsu-shiki, les invités du lutteur (famille, en particulier) coupent, petits bouts par petits bouts, les mèches du chonmage.
La dernière mèche est coupée par le oyakata de la heya d'origine du rikishi. Traduction : le dernier à couper une mèche de cheveux du lutteur est le maître de sumo (l'entraineur principal, le gourou...) de l'écurie à laquelle il appartient. C'est plus clair ?

Alors, la tenue ? C'était pas si simple, finalement :)

Ensuite, je suis sûre que, comme moi, vous vous demandez ce qu'un rikishi peut bien manger pour avoir cette taille de "pas-guêpe".
Ben oui, ils ont beau être gros (si, si, un peu quand même), ils restent tout de même des sportifs et j'avoue que moi, je suis loin de lever la jambe aussi haut que certains d'entre eux. Donc, gros, peut-être, mais surtout puissants et pour ça, il ne faut pas que de la graisse.
Ce n'est certainement pas en engloutissant hamburgers, pizza et autres frites-saucisses, que le rikishi entretient sa forme.
Effectivement, après recherche, je peux vous dire qu'ils ne mangent pas pour exercice.
Les rikishi prennent 2 repas par jour mais, pas tout à fait les mêmes que les nôtres.
Un lutteur engloutit entre 8000 et 10000 kcalories par jour.
Par comparaison, un homme a besoin d'entre 2100 kcalories (s'il n'a aucune activité physique) et 3500 kcalories par jour (s'il fait + d'1 heure de sport) et une femme entre 1800 et 2800 (pour les mêmes conditions).
Donc, de quoi est composé un repas, un chanko-nabe ?
Et bien avant tout, d'un chanko. Il s'agit d'un ragoût, très gras et très salé, dans lequel (comme tout ragoût) on retrouve de la viande (pour les protéines) et des légumes (pour les fibres).
Mais attention, si vous comptiez inviter un rikishi à partager votre chanko de dimanche prochain, il va falloir revoir les quantités. Par exemple, pour un ragoût à base de poulet, le lutteur mangera un poulet (entier !!!) et 4 escalopes, en plus des légumes.
Mais c'est pas fini !!! (c'est comme chez SFR)
Pour accompagner le chanko, il y a du riz, des nouilles, des beignets et des boulettes de viande mais aussi du gâteau de riz, du pâté de tofu et tout un tas d'autres mets.
Vous avez encore faim ? Oui ? Et bien vous pourrez recommencer le même repas, le soir :))
Une discipline de fer pour un corps de rêve ;)


Dessin de Moi

En parlant de discipline, je vais vous raconter une journée de rikishi.
Le matin, debout à 5 heures, pour commencer l'entrainement et ce, jusqu'à 11 heures.

- Vous avez remarqué un truc ?
- Ils se lèvent tôt ?
- Non, ce n'est pas ça.
- ???
- Ils ne mangent pas !!! Ils se lèvent tôt (ben oui, quand même) mais ils vont tout de suite à l'entrainement, le ventre vide.

A 11 heures, c'est l'heure du pomponnage : bain, passage chez le tokoyama (pour la coiffure) puis arrive l'heure du repas. Ils doivent avoir la dalle !!!
Il faut savoir que le repas est préparé par les apprentis de la heya et que le repas est pris par ordre hiérarchique. Les plus gradés mangent en premier et les apprentis mangent les restes de ce qu'ils ont cuisiné. La vie est vraiment trop injuste :'(
Après manger, c'est l'heure de la sieste. Elle est faite pour ralentir la digestion et favoriser la prise de graisse.
Vers 19-21 heures, deuxième chanko de la journée puis dodo du soir, jusqu'au lendemain, 5 heures.

Après avoir découvert tout ça, ça ne m'étonne pas que les jeunes ne soient plus attirés par ce sport et que les rikishi, eux, soient vénérés. Ca ressemble à une vie de tortures. En tout cas, de mon point de vue. Je suis admirative de ces hommes qui réussissent à supporter ce rythme.

Si vous souhaitez goûter au chanko, sachez que vous pouvez en trouver dans tout le pays. Les meilleurs restent, parait-il, ceux qu'on trouve au Ryogoku, le quartier sumo de Tokyo, lui-même dans le quartier Sumida-ku. Pour du chanko artisanal et pas cher (250 yens environ, un peu plus de 2€), vous pouvez vous rendre au sous-sol du Ryogoku Kokugikan (le grand centre sportif de Tokyo qui accueille les tournois de sumo des mois de janvier, mai et septembre), jusqu'à 16 heures, les jours de tournois.

Aujourd'hui, le chanko est cuisiné à base de divers animaux (poulet, porc, bœuf) mais, au début, seul le poulet servait à le préparer.
L'explication vient de superstitions.
Le porc et le bœuf sont des animaux se déplaçant sur 4 pattes. En manger avant un combat pouvait porter malheur au rikishi et le pousser à tomber sur ses mains (et donc perdre le combat).
De même, manger du poisson (qui n'a pas de membre), pouvait handicaper le lutteur qui, lui, a cruellement besoin des ses jambes et bras pour se battre et gagner.

Au tour du sport, en lui-même

La règle de base du combat : éjecter son adversaire hors du cercle de combat ou bien lui faire toucher le sol par une autre partie de son corps que la plante des pieds.
Les tournois ont lieux tous les mois impairs de l'année, soit 6 tournois par an.

Vocabulaire

Dohyo : Il s'agit d'une plateforme carrée, faite  d'argile tassée sur 34 à 60 cm. En son centre est façonné, à l'aide de petits ballots de paille ancrés dans la plateforme, un cercle de 4,55 mètres de diamètre qui forme l'aire de combat.

Gyogi : C'est l'arbitre. Il se tient sur le dohyo.

Shinpan : Ce sont les juges. Ils sont placés à l'extérieur du dohyo.

Yobidashi : Ce sont les présentateurs. Eux aussi se tiennent autour du dohyo.

Kimarite : Ensemble des 82 prises autorisées lors d'un combat de sumo.

Mizuiri : Pause décidée par le gyoji, s'il trouve que le combat est trop long.

Mono-ii : Réunion des juges, sur le dohyo, visant à déclarer un vainqueur au combat (si ce n'est pas chose évidente).

Torinaoshi : Décision de rejouer le combat, si'l est vraiment impossible de délibérer en faveur d'un des 2 rikishi, lors qu mono-ii.

Le déroulement d'un combat

Autre photo prise au Festival Photos de La Gacilly

Le yobidashi invite les rikishi à monter sur le dohyo. Une fois dessus, ils vont accomplir 3 actes rituels avant de combattre.
Premièrement, ils effectuent le shiko. Vous avez sûrement déjà vu. C'est lorsque les lutteurs lèvent les pieds très haut et frappent ensuite le sol avec. Cette action a pour but d'éloigner les esprits.
Ensuite, ils prennent une poignée de sel qu'ils jettent sur le cercle de combat pour purifier l'espace. C'est le kiyome-no-shio.
Vient enfin le chikara-mizu, le rituel de "l'eau de force". Les rikishi boivent une gorgée d'eau puis la recrachent.
Le combat peut commencer.
Le gyoji montre l'autre côté de son éventail (le gunbai).
Débute alors le shikiri, une phase d'observation entre les 2 lutteurs. A la fin de ce moment, les rikishi touchent le sol de leurs mains. C'est leur façon d'accepter le combat.
C'est le moment du tachi-ai. Les 2 lutteurs se lèvent et s'élancent l'un vers l'autre. Le atari est le premier contact entre les rikishi. Il est souvent très violent et marque réellement le début du combat.
Petite précision : si l'un des lutteurs s'élance avant que l'autre ait posé ses mains au sol, il y a matta et le départ est redonné.

Les différents grades

Comme au judo, les rikishi sont classés par grades.
Contrairement au judo, les grades ne font pas que se gravir.
Si les lutteurs perdent trop souvent, ils peuvent régresser, sauf à avoir atteint le grade de yokozuna, "dieu du sumo".
Le suivi du classement est tellement compliqué (j'ai attrapé mal à la tête, à essayer de comprendre comment ça fonctionnait) que même les rikishi sont obligés d'attendre la publication du banzuke (liste des noms des lutteurs, classée par rang) pour être sûrs du grade de chacun.
Je vais donc faire simple en vous mettant simplement les différents grades qui existent, du plus fort au débutant.
Comme ça vous saurez qui mange en premier :p

Les sekitori (titulaires) :
- Yokozuna (il n'y en a eu que 71 depuis les origines du classement)
- Ozeki
- Sekiwake
- Komusubi
- Maegashira
- Juryo

Les minarai (apprentis) :
- Makushita
- Sandan-me
- Jonidan
- Jonokushi

Les banzuke-gai (sous les apprentis) :
- mae-zumo.
Précision : les banzuke-gai n'apparaissent pas dans le banzuke.

Les tournois commencent par les combats des moins gradés pour se terminer par les Ozeki et Yokozuna.
Chacun combat dans sa catégorie mais il faut savoir qu'il n'y a pas de classe de poids, comme au judo. Un rikishi de 70 kg peut se retrouver à se battre contre un autre de plus de 100 kg de plus que lui.
Cela me fait penser que j'ai oublié de vous dire qu'un rikishi pèse entre 70 et 280 kg. Ca peut faire une sacrée différence entre 2 lutteurs.
Le poids moyen reste quand même autour des 150 kg. Il semblerait que ce soit à ce poids qu'un rikishi trouve le meilleur compromis entre la souplesse et stabilité dont il a besoin pour gagner.

Et voilà, mon premier "dossier du mois" est fini.
J'espère avoir été complète, sans vous avoir trop pris la tête.
Moi, j'ai appris plein de trucs et je suis ravie de mieux comprendre le monde du sumo.
Ca me donne même envie d'envisager d'assister à une journée de tournois. Celui de juillet se tient à Nagoya, dans la préfecture d'Aichi. Nous n'avons pas prévu de nous y rendre mais notre itinéraire n'est pas encore définitif donc, on verra.

Prochain dossier : les Geisha.

A bientôt.

Bonjour,

Bouhouhou. Je n'ai pas été très présente ces derniers jours et vous me le faites bien sentir. Deux jours sans personne à venir visiter mon blog :((
Pour me faire pardonner, je vais vous parler du célèbre Mont Fuji.
Ben oui, célèbre !!! Si quelqu'un n'en a jamais entendu parler, qu'il le dise maintenant (ou se taise à jamais). Ah non, je me trompe, ça, c'est dans le film américain :))
Bon, un peu de sérieux.

Le Mont Fuji, c'est l'emblème du Japon, classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 2013.
Un volcan, situé à une centaine de kilomètre à l'ouest de Tokyo, dont le sommet culmine à 3776 mètres de haut. Sa dernière éruption remonte à 1707 mais il n'est pas considéré comme éteint pour autant. Il peut encore se réveiller n'importe quand.
Quoi ? Quoi ? Une éruption ?
Il y a peu de chance, mais bon, on ne sait jamais.
Je suis montée sur le Vésuve (dont la dernière éruption remonte à 1944) et j'en suis redescendue sans encombre. Si nous gravissons le Mont Fuji, il faut espérer que ce sera de même. Soyons positifs :))
Cette ascension (sentiers ouverts entre début juillet et mi-septembre) n'est quand même pas donnée à tout le monde. Sans être complètement hors de portée (chaque année, des personnes âgées gravissent le Mont sacré), ce n'est pas non plus une promenade de santé. Un proverbe japonais dit même : "Celui qui gravit le Mont Fuji une fois est un sage, celui qui le fait deux fois est un fou."
Il existe 10 stations entre la base du Mont et son sommet. Un bus peut nous déposer à la 5ème station, à 2305 mètres d'altitude. De là, plusieurs sentiers mènent au sommet. La difficulté : 1500 mètres de dénivelé à avaler sur 7 kilomètres. Plutôt raide !
Il faut compter entre 3 et 8 heures d'ascension et entre 2 et 5 heures de descente.
Le but à atteindre : observer soit le lever, soit le coucher de soleil (= marcher dans la montagne en pleine nuit).
Ca à l'air extraordinaire de le faire. Tous ceux qui l'ont fait sont redescendus ravis. Néanmoins, deux choses me font peur : le genou de mon chéri (il s'est fait opéré d'un ligament croisé et, depuis, ce n'est pas l'éclate) et le souffle de Margot, ma grande marcheuse :))
Il va falloir vraiment réfléchir avant de se lancer dans l'aventure (surtout si c'est pour entendre râler tout le long de l'ascension).
Dans tous les cas, même si nous ne montons pas, nous irons au pied du volcan.

Autour de lui, s'étend la région des cinq lacs, Fujigoko.
Traduction : les cinq lacs Fuji. Go = 5 et Ko = lac. Je vous l'avais bien dit que la langue japonaise était logique ;)
- Kawaguchiko : beaucoup d'érables poussent autour de ce lac qui devient magnifique lorsqu'arrive l'automne (pas la saison de notre voyage, tant pis). On peut louer des vélos électriques pour en faire le tour (20 km) et admirer le Mont Fuji au niveau des nombreux spots aménagés dans ce but.
- Motosuko : c'est de ce lac qu'a été représenté le Mont Fuji, visible sur les billets de 1000 yens. Beaucoup d'activités de plein air (kayak, paddle...) et même une randonnée, la Panorama-Dai (environ 1 heure) qui débouche sur un panorama spectaculaire du Mont Fuji. Si on ne fait pas l'ascension, pourquoi ne pas faire cette rando ?
- Shojiko : le plus petit des cinq lacs mais, pour beaucoup, le plus beau. Ah ?
- Saiko : randonnée, pêche et bateau sont les activités principales de ce lac qui, s'il n'est pas loin du Mont Fuji, n'offre que très peu de vues sur la montagne sacrée. Je ne suis pas emballée par celui-ci.
- Yamanakako : le plus grand des lacs. Fortement aménagé pour le tourisme, sur sa rive sud, on peut trouver un peu plus de tranquilité, sur la rive nord. Pas très emballée non plus. Les pièges à touristes, si on peut les éviter...
Quoi qu'il en soit, une belle balade en perspective. Un ou deux jours, selon le planning qu'on choisira. Je voudrais aussi y caler la visite d'un onsen (bain alimenté par une source chaude) mais j'avoue ne pas avoir tout compris sur ces bains très réglementés, à part qu'on s'y baigne tout nu !!! Je vais étudier ça de plus près et ce sera l'objet d'un autre article.
En attendant, bonne  fin de week-end et à la prochaine.

PS : si j'ai le temps, demain, je vous mets quelques photos faites avec notre nouvel appareil. La luminosité n'était pas terrible, aujourd'hui, mais on l'a quand même emmené avec nous. Balade autour du lac de la Cantache, en attendant Fujigoko :))

A bientôt.

Mai 2016 : Le Théâtre japonais

Bonjour,
Comme promis, j'ai effectué quelques recherches concernant le théâtre japonais et ça n'a pas été inutile. J'étais loin d'imaginer toute la diversité de cet art.
J'ai ainsi référencé 4 styles de théâtre alors qu'avant cette étude, je n'en connaissais qu'un. C'est fou ce que c'est enrichissant, d'entretenir un blog ;)
Les autres représentations scéniques que j'ai pu relever tiennent plutôt de la danse que du théâtre. Si elles ne sont pas dénuées d'intérêts, elles ne font pas partie de l'objet de cet article. Je les ai donc laissées de côté.

Le Nô : Drame lyrique raffiné
Il s'agit d'une forme de théâtre très codifiée qui était, à son origine, destinée à l'élite militaire et politique. Les tenues, la musique, les masques, tout y est régi par des règles strictes (même la taille de la scène et sa disposition).
Un personnage principal (Shite), vêtu d'un kimono et d'un masque, effectue une danse lente et solennelle, au son de la musique.
Un personnage secondaire (Waki), aide à la compréhension de la pièce.
Les autres personnages n'ont qu'un rôle insignifiant.
Jeux et chants complètent le tableau.
A savoir que tous les rôles sont joués par des hommes.

Le Bunraku : Théâtre de marionnettes
Mais pas n'importe quelles marionnettes !!! Elles mesurent entre un mètre et un mètre cinquante et sont parfois manipulées par trois marionnettistes à la fois.
Un ou plusieurs conteurs (Tayu) récitent le texte en imitant les voix des personnages, au son de la musique d'un shimasen (espèce de guitare à trois cordes).

Le Koygen : Théâtre comique
Etonnamment, cet art est étroitement lié au théâtre Nô. Il est en effet joué entre les actes du drame, pour détendre le public de l'intensité émotionnelle ressentie pendant le Nô.
Stéréotype de la vie quotidienne du peuple, il est réaliste mais jamais grossier, ni choquant. Drôle par la gestuelle et le langage, la parodie nécessite de voir l'expression des visages et les personnages portent rarement des masques.
Là encore, le Shite (personnage principal) est accompagné d'un ou deux Ado (rôles secondaires), qui lui donnent la réplique. Si d'autres personnages apparaissent, comme dans le Nô, ils sont anodins.

Le Kabuki : Drame bourgeois
Très prisé des citadins, ce théâtre est un mélange de danse et de chant. Basé sur le visuel, il raconte ce qui est souvent une romance tragique.
Ce théâtre là aussi n'est joué que par des hommes. Ceux qui ont des rôles de femmes sont des annagota. Tous les acteurs sont maquillés de façon élaborée, pour exagérer les traits de leur visage. Par moment, ils se figent sur scène (mie) pour exprimer une émotion particulière. A ce moment (et seulement à ce moment), le public est autorisé à crier leur nom ou celui de l'école dont ils sont issus, pour les encourager dans leur jeu.

Tout cela me semble très intéressant et j'espère que, comme moi, vous vous sentez moins vide, intellectuellement.
Reste quand même un point gênant et pas des moindres. Les pièces de Nô se déroulent sur une journée entière et celles de Kabuki durent environ 4 heures. Si j'ai bien compris, le Koygen n'est joué qu'entre les actes de Nô et je n'ai pas réussi à trouver la durée d'une représentation de Bunraku mais je doute que ce soit beaucoup plus court.
Pour un premier voyage au Japon (qui sera peut-être le seul), nous avons peut-être mieux à faire. Je ne sais pas. A réfléchir.
En tout cas, je ne regrette pas d'en avoir appris un peu plus. C'est déjà ça :))
A bientôt alors,

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